Fly In vers Old Warden, organisé par la BULMF

Août 28, 2024 | Active News

Historique

Old Warden est un petit village historique dans le Bedfordshire au Royaume-Uni. Son histoire est liée à celle de la famille Shuttleworth, qui a donné son nom à l’aérodrome qui abrite maintenant une extraordinaire collection d’avions anciens et autres véhicules ancêtres, débutée dans les années 1930 par Richard Shuttleworth. Lui-même pilote dans la RAF, il décèdera en 1940 lors d’un vol d’entraînement. Depuis 60 ans, de fantastiques shows aériens, uniques en leur genre, et autres manifestations sont organisés sur cet aérodrome.

 

Le projet de la BULMF

En 2023, la Fédération Belge d’Ulm (BULMF) lance l’idée d’organiser pour ses membres un Fly In à Old Warden en juillet 2024 pour assister au Summer Evening Show, habituellement clôturé par le vol d’un appareil du tout début du 20e s, dans la lumière particulière d’une fin de journée d’été.

Dès le mois de novembre 2023, la BULMF prend contact avec les responsables de Shuttleworth, des hôtels, des restos, des compagnies de cars. En effet, il est nécessaire de trouver près de 40 chambres libres dans un hôtel, à distance raisonnable de l’aérodrome, trouver une compagnie de cars pour effectuer tous les trajets sans faire exploser les coûts de participation, obtenir des slots pour l’atterrissage des appareils, s’assurer que du carburant sera disponible pour les machines, planifier des réservations auprès de restaurants… ce ne fut pas la partie la plus facile de l’organisation.

Les inscriptions pour participer à cette aventure sont donc lancées dès le mois de janvier 2024. Trente-cinq équipages (68 participants) s’y inscrivent. Quelques membres font part de leur désir d’accompagner le groupe, mais en venant par la route plutôt que les airs. La décision est donc prise de louer également un minibus avec chauffeur.

 

L’organisation

La navigation est préparée en détails, dans un logbook envoyé à tous les participants. L’attention est attirée sur le respect strict des espaces aériens car cette région, proche des aérodromes de Londres, est en effet relativement compliquée et les Britanniques ont la réputation d’être intransigeants, à raison d’ailleurs, sur le sujet. Une aide est aussi apportée pour répondre aux multiples questions ou difficultés rencontrées par les participants au trip. Parmi les formalités administratives à remplir, il ne fallait pas oublier le passeport, nécessaire depuis le Brexit pour se rendre au Royaume-Uni, mais aussi le GAR (General Aviation Report), et bien évidemment le plan de vol. Autre souci administratif qui a occasionné quelques sueurs (et pas mal de coûts) à certains participants : contrairement aux ulms identifiés en France, les appareils immatriculés belges doivent obtenir une l’autorisation de survol auprès des autorités britanniques, qui se sont montrées très pointilleuses sur le sujet, allant même à demander des traductions certifiées pour les documents officiels émis par la DGTA.

 

Le voyage

Le programme de l’aventure se déroule sur 3 jours, du 19 au 21 juillet 2024.

La météo est scrutée, avec quelques inquiétudes durant les derniers jours avant le départ, car elle s’annonce difficile, essentiellement pour le jour de retour. En effet, les divers sites météo consultés prévoient un plafond bas, risqué pour la traversée de la Manche. La veille du départ, devant cette incertitude, plusieurs équipages luxembourgeois décident d’ailleurs de renoncer au voyage, de peur de ne pas être capables de rejoindre le dimanche leurs bases respectives.

Le GO est finalement donné par les organisateurs la veille du départ, en sachant cependant que le retour nécessitera peut-être d’être effectué par petits sauts de mouton au cours de la journée du dimanche 21, pour s’adapter à la météo et respecter les Notams éventuels pour cause de fête nationale en Belgique et de son défilé aérien.

Le 19 juillet : décollage des aérodromes respectifs, avec rassemblement à l’aérodrome de Calais. Vu que nous sortons de l’Union Européenne, le passage par un aérodrome douanier est obligatoire. Les douaniers à Calais ont reçu à l’avance la liste des appareils et personnes, et nous attendent pour un contrôle. Début d’après-midi, après un buffet au resto de l’aérodrome et un briefing, nous redécollons en direction de Old Warden, maintenant lui aussi reconnu comme aérodrome douanier, ce qui évite à tout le groupe un atterrissage intermédiaire, à Headcorn par exemple. Le temps est clair, le ciel bleu, les falaises de l’Angleterre s’aperçoivent dès le décollage. Il n’y a donc aucun souci à prendre de l’altitude pour s’assurer une distance de plané jusqu’à la terre ferme. A la radio, London Information semble plutôt surpris d’entendre autant d’appareils s’annoncer successivement pour la même route ! Un service « basic » est offert. Nous apercevons le skyline de Londres, nous admirons les larges méandres de la Tamise se dirigeant vers la métropole, de même que les gigantesques réservoirs d’eau qui alimentent la capitale anglaise.

A l’atterrissage à Old Warden, nous nous apercevons qu’en dehors quelques rares autres appareils, nous sommes les seuls visiteurs venus en vol. Et les douaniers, prévenus de notre arrivée, nous attendent également, avec le sourire et une courtoisie toute British. Après l’avitaillement, nos machines sont parquées et sécurisées, formant une longue ligne, attirant le regard des visiteurs et des spotters. L’ambiance de Shuttleworth est déjà bien présente : beaucoup d’appareils participant au show du lendemain sont sortis et s’entraînent. Des clubs d’aéromodélisme sont aussi installés, exposant leurs engins.

A 18h, un car, un typique double deck anglais, nous emmène vers notre hôtel, à Milton Keynes, à 60 km de l’aérodrome, où nous dînerons.

 

La journée du show aérien

Le lendemain matin, quelques-uns d’entre nous profitent de la matinée libre pour aller visiter des attractions dans les environs. En effet, Bletchey Park, qui fût le centre où les alliés ont déchiffré le code d’Enigma durant la deuxième guerre mondiale et où Alan Turing a travaillé, se situe non loin de là.

L’après-midi, nous voilà tous de retour à l’aérodrome de Old Warden. Une foule très importante y déambule déjà, dans une atmosphère familiale et très bon enfant. Les hangars, ouverts, abritent une extraordinaire collection d’ancêtres volants, mais aussi d’autres véhicules anciens (vélos, motos, tracteurs…) qui ont la particularité d’être toujours en état de voler et de rouler, et qui d’ailleurs participent au show ! L’accent est mis aussi sur les pilotes anglais de la première guerre mondiale, qui ont souvent payé de leur vie leur participation au conflit.

Des activités sont également proposées aux enfants. Un magnifique parc, le « Swiss Garden », autrefois propriété de la famille Shuttleworth, jouxte l’aérodrome. L’endroit est idyllique et de nombreux visiteurs s’y promènent.

Le long de la piste, des clubs de collectionneurs de voitures exposent leurs belles mécaniques : véhicules anciens, oui, mais pas que, car les visiteurs sont en admiration devant des Porsche, MacLaren, Ferrari, toutes plus belles les unes que les autres.

17h : le show aérien commence ! Des biplaces Avro datant du début du 20e s montrent leur habileté à lancer des projectiles sur des cibles au sol ou à effectuer des passages très bas en-dessous de cordes tendues à quelques mètres du sol. Des biplans volent en escadrille sans briser les fins câbles ornés de fanions qui les relient… Arrivent ensuite des Hurricanes, un Spitfire, le Comet DH.88 (construit en 1934 pour participer et gagner la course aérienne MacRobertson). Le show est de toute beauté, nous en avons tous plein la vue. Les tracteurs et voitures qui vont rechercher les appareils et les pilotes après leur atterrissage sont eux aussi d’époque. Shuttleworth, c’est tout un concept, et l’ambiance qui s’en dégage est absolument unique.

Et puis arrive la fin de la démonstration aérienne : il est près de 21h, et une magnifique machine des tous débuts de l’aviation, un triplan Avro Roe IV, prend lentement son envol dans la lumière de cette fin de journée. L’appareil est une réplique qui a été construite pour le film de 1965 « Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines ». Le moment est magique, apaisant, nostalgique.

Cette journée exceptionnelle se termine pour notre groupe par un dîner tardif dans un restaurant de Milton Keynes et un retour à l’hôtel.

 

Le retour

Le lendemain, vers 11H, les équipages décollent peu à peu d’Old Warden. Il n’est pas certain que le plafond au-dessus de la Manche ne nécessitera pas un atterrissage et une attente sur un aérodrome proche de la côte anglaise. Nous finissons par zigzaguer entre les masses de nuages, et décidons finalement de choisir une route de traversée un peu plus au Sud que celle prévue initialement : elle nous permet de faire la traversée maritime à une altitude de 3300 ft, altitude raisonnable au vu des conditions météo. Un équipage a même été contraint d’effectuer la traversée Douvres-Calais au plus court, à quelques centaines de pieds au-dessus de l’eau.

 

La conclusion

Après le retour, les organisateurs du voyage ont reçu de nombreux remerciements de la part des participants qui ont salué la grande convivialité, la bonne humeur générale du groupe et l’excellente organisation de tout ce weekend mémorable.

Et le mot d’ordre général fut : « A quand la prochaine fois ? »